Si l’on devait
mesurer la valeur d’un homme au nombre d’ennemis qu’il s’est créé tout au long
de sa vie, celle d’Ethan Law aurait plus de prix encore que le plus rare des
joyaux que la terre n’ait jamais eu à offrir. Prestige ou malédiction ?
Imaginez-vous l’effet que cela produirait si votre nom était profondément ancré
dans l’esprit de plus de 6 milliards d’individus. Vous entreriez dans la
mémoire de chaque être humain à travers la planète. Et pourtant vous ne
connaissez qu’une centaine de personnes à travers le monde : tout le monde
connaissait Sherrin Ford et encore aujourd’hui on se fait connaissance mais
jamais Ford et tout ce beau monde ne s’étaient réellement rencontrés. L’ombre
d’Ethan parcourait les continents, bien plus qu’il ne l’avait fait en réalité.
Très jeune déjà, il nourrissait l’ambition de fouler du pied chacun des recoins
les plus reculés de la planète. Jamais il ne lui serait venu à l’idée qu’un
jour, c’est l’inverse qui allait se produire : c’est le monde qui allait
le découvrir. C’est le monde qui allait vers lui. La Terre ne tournait pas
autour du Soleil, non, elle gravitait autour d’un seul homme. Le monde entier
était la clientèle du détective, lui et ses innombrables épines qui
bouleversent le cœur des hommes.
Les yeux d’Ethan
étaient témoins des situations les plus monstrueuses et les plus improbables
dans lesquelles l’être humain n’ait eu à rencontrer. Mais le tableau horrible
qui se peignait au fil des jours ne put lui arracher une larme, l’atrocité de
la réalité humaine était paradoxalement trop forte pour pouvoir le toucher.
Ethan n’était pas insensible, non loin de là. Il avait déjà gouté à ce frisson
provoqué par ses joues arrosées et larmoyantes mais jamais cela n’avait trahi
une quelconque tristesse, non, ses premières larmes, il les offrit à la plus
merveilleuse femme qu’il ne lui a jamais été donné de rencontrer : Lana
Livier.
Cet homme de
nature si réservé qui, en même temps, dégage cette incroyable joie de vivre en
ne cessant jamais de chercher le rire là ou peu de gens aimeraient s’y
aventurer, c’est-à-dire même dans les moments les plus difficiles, cet
homme-là, se dit qu’il est probablement plus supportable de sourire à la vie
plutôt que de s’apitoyer sur les malheurs qu’elle peut nous causer. N’est-ce pas
là les gens les plus malheureux ? Ceux qui, pour rassurer leur entourage
afin d’éviter de nourrir la peine sur le visage des personnes qu’ils aiment,
sont contraints de porter un masque et de mentir, car la souffrance n’est pas
quelque chose qui se partage mais quelque chose de contagieux ? Ethan
faisait partie de ces personnes qui gardaient leur blessures leur ronger
l’intérieur et qui, malgré tout, souriaient comme pour remercier la vie de leur
avoir arraché ce à quoi leur cœur s’était fermement attaché. En réalité, Ethan
Law était profondément marqué par l’injustice de la vie, et cette colère, il la
catalysait en traquant les plus endurcis des criminels à travers le monde. Mais
il savait que jamais ça ne suffirait pour pouvoir croiser une dernière fois
encore, ne serait-ce que pour l’ordre de quelques secondes, le regard le plus
magnifique qui n’ait jamais illuminé avec d’autant d’éclat le visage humain. Il
savait que plus jamais son cœur ne lui offrirait autant de force, de vie et
d’immortalité en palpitant fort comme un tambour contre sa poitrine. Jamais plus
il ne pourrait se permettre le loisir de contempler la beauté de ce visage si
calme et innocent qui sommeillait à ses côtés. Jamais plu il ne pourrait gouter
au contact des lèvres les plus exquises qui soit, jamais plus il ne pourrait
poser son regard sur ces cheveux harmonieusement ondulés ou encore à ce petit
nez qui laissait s’échapper l’air qui soufflait le long de son visage. Enfin
jamais plus la vie ne lui autoriserait le contact avec cette peau si douce et
si saine ou encore cette main qui invitait la sienne à la rejoindre pour former
un pont, le pont le plus court mais le plus solide qui n’a jamais été créé.
C’était dans ces moments comme celui-ci qu’il est étrange de remarquer à quel
point il est si facile d’être séparés, qu’importe la solidité des liens. Comment
appelait-on cela encore ? Ah oui ! L’Amour. Un seul mot pour tout un
monde… un monde qu’il est décidément bien
difficile de protéger.
Voilà donc qui
était Ethan Law : l’homme qui, ayant perdu le bonheur de sa vie, s’était
donné pour mission de préserver celui des autres. Un désespéré, un ange
gardien, un suicidaire ou encore un inconscient, appelons-le comme il nous en
convient de l’appeler, le fait est que la planète tout entière se réjouissait
d’en avoir fait sa propriété. La vie d’Ethan Law était faite pleine de
victoires héroïques contre toutes volontés malsaines qui projetaient de briser
la vie d’autrui. Cet homme s’était fait la promesse de redonner aux gens la
force de croire en l’espoir, chose que lui-même pourtant avait déjà perdu
depuis si longtemps, telle une flamme qui brille dans l’obscurité illuminant
dans sa dance tous les regards qui se posent alors sur elle.
Je
n’interviendrais personnellement en tant qu’auteur qu’une seule fois. Je tiens
tout bonnement à m’excuser auprès du lecteur de ma maladresse : les
émotions ont pris le dessus et mes larmes se sont échappées venant s’imprégner
au centre des lignes. Mais je pense que le lecteur comprendra aisément que le
cœur ne se tait jamais et que de ce fait il est toujours bon de ne pas le
priver de la liberté de s’exprimer. Il est dur pour un romancier ayant transmis
la totalité de son âme dans sa plume de supporter le poids des souffrances de
ses personnages quand bien même nous détenons fatalement leur avenir
respectifs. Mais il est si réconfortant pour l’écrivain de savoir ses lecteurs
si proches de ses personnages qu’il se sent obligataire d’une dette énorme
envers cette fidélité : il leur doit sincérité et franchise. Je vous avoue
donc cher lecteur avoir pleuré à chaude larme en retranscrivant ce trait
spécifique de notre cher Ethan alors, une dernière fois encore, ne soyez pas
sévère envers cette terrible inconvenance.
Mais ne vous
méprenez pas, Ethan Law est, aux yeux du monde, un homme incroyablement
intelligent auquel aucun mystère n’a jamais pu résister à son esprit rationnel
et calculateur jusqu’à maintenant. Cet Ethan-là n’a absolument aucune
ressemblance avec celui qui se cache timidement « à l’intérieur ».
Ethan Law avait
seulement 16 ans lorsqu’il fit connaissance du monde de la criminologie. Pour
son anniversaire, on lui avait offert la toute première aventure de Sherlock
Holmes « Une étude en rouge » de
Conan Doyle. Ce célèbre personnage de roman le fascinait, non bien plus encore,
il avait l’étrange impression de le comprendre. Tout comme Holmes, Ethan
faisait preuve d’une incroyable faculté de déduction, et ceci avec une facilité
si enfantine qu’on ne voyait en lui rien de comparable avec les garçons de son
âge. Il était un parfait inconnu, pire encore, un extraterrestre.
Un jour, en
rentrant chez lui il perçut la voix sa mère en train de converser dans le salon
avec une jeune femme dont il n’avait aucun souvenir du son de la voix. Ethan
posa ses affaires au pied du mur du hall d’entrée, pénétra dans la cuisine et
empoigna la poignée du réfrigérateur. Le bruit occasionné parvint jusqu’à
l’oreille attentive de sa mère.
- Ethan ? Tu ne viens pas dire
bonjour ?
- J’arrive, j’arrive, répondit-il d’un
ton las.
Ethan se saisi
d’un soda et rejoignit le salon. La jeune femme siégeait sur le fauteuil de
cuir noir qui faisait face à celui de Mme Law. Lorsqu’elle vit Ethan, elle
afficha un sourire rayonnant qui venait compléter l’éclat resplendissant de ses
cheveux blonds, bouclés comme des rubans effilochés. Ses yeux verts le
dévisageaient de la tête au pied comme un détecteur d’objets métalliques.
C’était une de ces rares personnes dont la Nature avait jugé bon d’épargner le
portrait de ses coups de pinceaux porteurs de défauts afin d’en préserver toute
la beauté de l’art.
- Bonjour, fit Ethan en cachant ses
émotions du mieux qu’il put.
- Bonjour Ethan, lui répondit-elle en
dévoilant ses dents parfaitement blanches et alignées.
Mais alors
qu’Ethan s’apprêtait à monter à l’étage pour finalement rejoindre sa chambre,
et sans doute dévorer un roman policier, il s’arrêta net. Il retourna sur ses
pas et vint s’asseoir sur le dernier fauteuil libéré.
-
Madame, vous êtes danseuse de ballet,
n’est-ce pas ? lança-t-il la tête relevée au plafond, les yeux vagues.
-
Oui. C’est vrai. Mais comment le
sais-tu ? lui demanda la jeune femme en haussant l’arcade sourcilière,
bouche bée.
-
Ah non Ethan, tu ne vas pas
recommencer ! s’exclama Mme Law. On s’était mis d’accord, pas de
déductions sur les visiteurs.
-
Oui, d’accord…
-
Oh, mais ça ne me dérange pas, rassura
la jeune femme, au contraire ça m’intrigue beaucoup.
-
Non ne fais pas attention Marta, Ethan
est disons…différent. Allez files dans ta chambre.
-
Non, non, vraiment, j’insiste, s’enquit
la visiteuse prête à lui saisir le bras.
-
Elle insiste, répéta Ethan sur un ton
radicalement différent.
Mme Law demeura
silencieuse quelques secondes. Son regard passa d’Ethan à sa jeune amie, puis
d’Ethan à elle. Elle céda finalement anxieuse, avec un pincement de lèvres
significatif.
-
Eh bien ? reprit la visiteuse.
- Je vois simplement que vous ne portez pas de
chaussures à talon, lança Ethan,
le sourire au coin des lèvres. Pourtant, si j’en crois le catalogue de
chaussures ouvert sur une page entièrement consacrée aux talons reposant sur la
table, j’imagine que vous en faites une préférence personnelle. Il n’y a qu’une
seule explication assez solide qui me vient à l’esprit capable d’expliquer que
vous n’en portez pas aujourd’hui: vous vous êtes blessée en dansant sur la
plante des pieds, je me trompe ? Les chaussures à talon, le talon lui-même
étant surélevé, vous aurait contrainte à donner davantage d’appui sur vos
doigts de pieds déjà endoloris. Il n’était donc pas question pour vous d’en
porter, au moins jusqu’à ce que cela eut fini par guérir. De plus, bien que vos
chaussures actuelles soient faites pour laisser à vos pieds toute la liberté de
respirer, je remarque qu’elles sont enveloppées dans une paire de chaussettes,
et qui plus est pas des plus fines. Pourquoi ? Je ne vois aucune autre
explication que celle-ci : vos chaussettes n’ont pour but que de
dissimuler des regards trop curieux le vilain pansement que vous avez pris soin
d’apposer sur l’extrémité de votre pied gauche. Mais peut être que cela ne se cache
pas aussi bien que vous l’espéreriez puisque je vois clairement que celui-ci présente
une couche un peu plus épaisse que celle de votre pied droit, trahissant le tissu
pharmaceutique.
- Incroyable ! s’exclama la
jeune femme en applaudissant, admirative.
- Bien vous m’excuserez, fit Ethan en
se relevant péniblement du fauteuil auquel il commençait cruellement à
s’accoutumer. Mais j’ai pas mal de devoirs qui m’attendent. A une prochaine
fois, peut-être.
Ethan n’attendit
pas la réponse de leur hôte et avait déjà rejoint sa chambre. Le jeune homme
était vexé. Il avait tant d’autres choses à révéler sur la personne de la jeune
femme mais sa mère s’opposait toujours avec beaucoup de fermeté à ce qu’il
dévoile impoliment sur un plateau d’argent la vie privée de toutes les
personnes qu’il rencontrait. « Les gens détestent être percés à jours mais
ils apprécient toujours grandement apprendre des choses sur les autres »
lui disait-elle toujours accompagnée d’un bref sourire.
Aujourd’hui, les
polices du monde entier sollicitaient ce don aussi irritable que spectaculaire
qui faisait d’Ethan Law l’un des plus célèbres détectives consultants de la
planète.
*
« - Je savais que je
te trouverais ici.
Les paroles de Flynn
venaient briser le silence absolu qui régnait dans la pièce. Aaron était assis
au beau milieu de la scène de crime à quelques centimètres de la plate-bande
qui retraçait les contours sur le sol de ce qui fut auparavant le corps inanimé
de Marty Faint.
-
Flynn. T’en pense quoi exactement ?
demanda Aaron d’une voix sombre sans se retourner.
-
De quoi est-ce que tu parles ?
Le rideau du silence
s’abattit à nouveau. Le jeune détective s’immisça une nouvelle fois dans ses
pensées puis après une bonne dizaine de minutes qui en paraissaient en une
éternité, il reprit la parole.
-
J’ai beau lister, modeler et assembler
tous les éléments du puzzle dans tous les sens inimaginables, je ne vois aucune
porte de sortie. Qu’est-ce que nous avons à l’heure actuelle ? Une femme
assassin invisible qui ne laisse aucune trace susceptible de nous mener jusqu’à
elle, deux victimes ayant perdu la vie la même journée pour je ne sais quelle
raison, une arme du crime qui porte les empreintes d’un suicidaire mort il y a
7 ans de cela, un téléphone portable empoisonné qui ne semble pas avoir affecté
la première victime mais exclusivement la deuxième quand bien même toutes les
deux l’ait touché, un professeur de physique un peu douteux, un message
étrange…
-
Un message étrange ? le coupa
Flynn.
-
Oui. Une vieille enseignante nous a
rapporté le fait qu’un ancien professeur appelé Robert Mayson, qui n’était
autre que le père de Marty Faint, notre victime, s’est suicidé chez lui il y a
7 ans de cela.
-
Le père de Faint ? répéta Flynn
abasourdi.
-
Attends il y a plus intéressant
encore : il a laissé un message d’adieu derrière lui dans lequel il indique
que dans les 7 années à venir ses enfants connaitront un changement
important.
-
« Ses enfants » ? Mais je croyais que Marty Faint était fils
unique ? s’enquit Flynn, les sourcils froncés.
-
C’est le cas. C’est pourquoi j’ai du mal
à saisir le sens de ce message. Et puis quel changement prévoit-il ?
-
Aucune idée et je ne pense pas qu’on
trouvera les réponses à nos questions de sitôt.
Aaron approuva
d’un grognement étouffé.
-
Bon. Et en ce qui concerne le stratagème
de la chambre close, tu as une idée de la façon dont a procédé
l’assassin ?
Un second
grognement vint trahir l’impuissance du jeune détective. Mais cette fois-ci,
Aaron croisa le regard de son ami.
-
Oh ! Quel regard électrique !
s’exclama Flynn d’un ton laconique.
Mais voyant qu’Aaron
restait impassible à ses traits d’humour, le sourire moqueur du colosse
s’effaça peu à peu. Le jeune détective faisait de grands yeux et Flynn était
persuadé que s’ils s’étaient réincarnés dans un dessin animé, il aurait pu
apercevoir la petite ampoule clignoter au-dessus de sa tête d’un air ingénieux.
Visiblement, les neurones ont finis par s’entrechoquer et provoquer enfin un
déclic.
-
Quoi ?
-
Electrique…, marmonna Aaron, pensif.
-
Hein ?
L’adolescent se
releva soudainement. Mais avant que Flynn n’ai pu lui demander davantage d’explication,
il traçait déjà le tour de la pièce de ses pas, les mains croisés derrière le
dos et les yeux clos comme à son habitude. On aurait dit un somnambule
déambulant dans tous les sens possibles et bien sûr sans raison apparente.
-
Tu es un génie Flynn, reprit brusquement
Aaron cette fois à voix haute.
-
Il m’arrive de l’être, renchéri le
colosse d’un air fier. Mais dis-moi plutôt ce qu’il y a.
-
La première fois que je suis rentré dans
la pièce, lorsqu’on a découvert le corps avec Keisuke, j’ai saisi la clef et au
contact j’ai clairement senti un courant électrique me parcourir les doigts.
J’en suis certain maintenant, ce n’est pas un hasard et c’est surement un
indice indispensable qui permettra de comprendre le stratagème utilisé.
-
Un courant électrique ? Mais tu es
sur qu’il s’agit là d’un lien avec notre aff...
Flynn
s’interrompit sous le poids du regard inquisiteur que lui jetait son ami.
-
Oui évidemment, excuse-moi, reprit-il en
baissant la tête.
-
Voyons voir…Le seul moyen de faire entrer
la clef au centre de la pièce depuis l’extérieur est de se servir de cet espace
qui sépare le pied de la porte à la surface du sol. La hauteur ne dépasse pas
les 5 mm mais sachant que l’épaisseur de la clef est de 3 mm, c’est largement
suffisant.
-
Et si la tueuse avait tout bonnement
donner un simple coup de pied contre la clef afin de lui faire traverser la
pièce depuis le couloir ? hasarda Flynn.
-
Idiot, j’y avais déjà pensé. C’est
impossible. Tu as déjà oublié que la clef a été retrouvée sous la main de la
victime ? De cette façon, la clef n’aurait jamais pu s’y trouver.
-
Bien, c’est très sympathique de démolir
allègrement toutes mes théories mais il serait peut-être temps d’en trouver une
assez solide tu ne crois pas ?
Aaron lui
répondit d’un sourire forcé.
-
Alors, où vous en êtes tous les
deux ? lança Flynn dans un ton plus subtil.
-
Qui ? répliqua Aaron perdant le fil
de la conversation.
-
Épargne-moi le coup de celui qui ne voit
pas à quoi je fais allusion. Je parle de toi et d’Aria bien sûr.
-
Rien de spécial. On est de bons amis,
c’est tout.
-
De bons amis ? Tu veux rire ?
On croirait deux super-aimants qui n’arrivent pas à se défaire !
Le silence
retomba.
-
Des aimants ? reprit Aaron d’un ton
détaché.
-
Et voilà que ça recommence !
souffla Flynn en relevant la tête en arrière, les yeux dirigés au plafond.
-
Un courant électrique, des aimants et…
une clef. Une clef en fer ! Un conducteur !
Le jeune
détective bondit d’un seul coup dans les bras de Flynn comme un petit singe
répondant aux appels de sa mère. ( aux appels d’une banane tentatrice et
irrésistible).
-
Hé !
-
T’es génial vieux ! explosa Aaron
surexcité.
-
Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore
dit ? répliqua le colosse tentant de se détacher de l’étreinte de son ami.
-
J’ai compris ! Je sais comment
cette femme s’y est prise pour commettre son crime !
*
-
J’espère pour vous que vous avez une
bonne raison de m’avoir dérangé, Law, avertit l’inspecteur Dowper. Ce n’est pas
un jeu et l’atmosphère est déjà assez tendue comme ça.
-
Vous n’allez pas le regretter, rassura Aaron
en affichant un immense sourire.
-
Croyez-le, c’est un sacré tuyaux qu’il a
là, confirma Flynn.
-
Eh bien allez-y, Law. Epatez-nous.
-
Monsieur, tout d’abord il faut que je
vous fasse part d’une chose, sinon je doute que vous y compreniez quelque
chose.
-
Allez-y.
-
A la découverte du corps de Marty Faint,
au moment même où j’ai saisi la clef de la salle, j’ai senti comme un courant
électrique.
-
Un courant électrique ? répéta
Dowper incrédule.
-
Oui, je n’y avais pas prêté plus
d’attention que ça au départ mais je viens seulement de réaliser à quel point c’est
très important. La clef est bien en fer, n’est-ce pas ?
-
Oui, mais…
-
Et le fer est une matière conductrice
d’électricité, n’est-ce pas ?
-
Oui, oui, mais…
-
Donc sensible au magnétisme, oui ?
-
Law ! s’époumona Dowper. Je n’ai
pas le temps de jouer aux devinettes alors venez en au fait. Qu’est-ce que vous
essayez de nous dire exactement ?
-
Monsieur, je pense que l’assassin s’est simplement
créé un aimant et s’en est servi pour déplacer la clef par électromagnétisme.
L’inspecteur
plongea son regard dans celui d’Aaron avec une intense profondeur comme s’il
tentait de l’hypnotiser. Aaron se noyait littéralement dans ce néant oculaire
qui lui agrippait sévèrement le visage. Ce combat silencieux failli lui faire
manquer l’équilibre, mais soudain, le rideau s’abattit sur le visage de
l’inspecteur chassant sa mauvaise humeur qui lui collait la peau depuis la
veille. Il laissait place désormais à une mine enjouée peignée d’un agréable sourire.
Visiblement, le policier était ravi d’entendre pareille nouvelle. Même si en
réalité elle venait de la bouche d’un gamin de 17 ans.